797. Là où la peau est fine

par Josée Marcotte

comme dans un arbre suspendue au-dessus de nos terres

je vous voyais amours perdues

marchant haletant marchant

 

sur les plaines

les émotions tailladent les cœurs à la boutonnière

 

multiple face à mon MOI agissant

foulée mon corps du cœur qui reste

la politesse des paroles et la petitesse des chagrins

voyant pas à pas comment vivre après

 

des bras dociles qui broient maintenant du noir

 

blessure de rupture qui part au combat

autrefois au-dessus de tout ça je vous voyais amours perdues

 

mon rêve pointu en bandoulière bringuebalé sur vos corps nus lacère la peau guerrière

marchant haletant marchant

 

les amours perdues musent une marche militaire

émoussant en piétinant la sensation la perte

dans le jardin du corps des petites morts fredonnent cet air connu

 

 

comme dans une pluie descendue reliant le sol au ciel

je suis allée à vos côtés amours perdues

nos cœurs acérés battant le rythme le ventre à terre

 

amours tombées

dans la poussière d’arsenal dissonant

la poudre laboure les yeux

le barda lourd du passé pèse sur nos gestes

creux

élargissent les tranchées

rampant haletant rampant

 

je ferme les étoiles de minuit qui s’emballent pour y voir plus clair

une à une follement cueillie

remplissant le vide intérieur de mains sombres d’autant de forgerons

 

seule face à mon MOI mugissant

fragilisée mon cœur du corps qui reste

une complainte de feux de paille en tête

déposant au fond du ventre comme une vérité bête suspendue à nos lèvres :

 

là où la peau est fine

c’est là que les sentiments poussent

et repoussent

dans le jardin du corps

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